Photos sur internet: protéger son droit d’auteur

Le souci n°1 de l’auteur photographe qui publie ses photos sur internet est le respect de son droit d’auteur.

Professionnels comme amateurs, nous voulons être reconnus pour notre travail indépendamment de sa qualité et des remarques qu’il peut susciter. Car le propre du blogueur photographe est de se montrer et si possible susciter de l’intérêt, des remarques et pour les plus orgueilleux de l’admiration.

Et comme nous avons une haute opinion de notre travail, il n’est pas question de laisser n’importe qui s’approprier le fruit de tant d’efforts, voire tirer gloire et argent en notre lieu et place.

C’est pourquoi cette question revient fréquemment sur les fora photographiques: Comment protéger (efficacement) ses photos ?

Une fois pour toute qu’on se le dise, il n’existe aucun moyen sûr à 100% de protéger ses créations. Une photo publiée sur le net est une cible facile aussi sûrement qu’une brebis égarée l’est pour un loup affamé. Acceptez-le ou ne publiez rien.

Une fois cette mise au point faite, il existe toutefois des méthodes qui permettent de réduire le risque encouru, mais dites vous bien que rien ne vous permettra de verrouiller l’utilisation de vos images.

Je précise qu’en droit français, l’auteur d’une photographie est le seul propriétaire et bénéficiaire de la photographie. Attention, cela ne veut pas dire que vous pouvez faire n’importe quoi de vos photos, car leur utilisation doit rester compatible avec le droit à l’image du sujet photographié.

Les protections élémentaires

Voici quelques techniques simples issues du bon sens le plus élémentaire pour décourager l’usage illicite de ses photos:

  • le copyright ©

copyrightnx-201x300[1]Sur votre photoblog, n’hésitez pas à mentionner que les photos sont l’oeuvre de leur auteur, qu’elles ne sont pas libres de droit et que leur reproduction est interdite sans l’accord explicite de l’auteur. Cela ne mange pas de pain et a le mérite d’annoncer la couleur.
Certains sites communautaires ou d’hébergement, à l’instar de flickr, proposent directement cette option; là encore, il ne faut pas hésiter à en abuser.

De même, les données EXIFS de vos photos sont tout à fait à même de recevoir cette mention de copyright. Je dirais même plus, votre logiciel videur de carte ainsi que votre logiciel de retouche (et même votre appareil photo) doit vous proposer la possibilité d’insérer automatiquement le copyright lors du traitement des fichiers. Cette étape étant automatique vous n’aurez plus à vous en soucier par la suite.

Bien, vous avez mis des copyrights partout, c’est parfait. Cela ne sert pourtant pas à grand chose.

  • altérer la qualité d’image

C’est la méthode la plus couramment retenue pour éviter des reproductions illicites. L’idée est de pouvoir présenter son travail, mais de décourager tout plagieur sur un support un peu sérieux, car la qualité est trop réduite. Là encore plusieurs possibilités s’offrent à vous.

– Insertion d’une signature ou d’un watermark. Cela peut aller d’une légère signature discrète à un gros texte jurant au milieu de l’image. Dans le premier cas, un léger crop permettra de se débarrasser de la signature alors que dans le second, c’est vous qui serez désespéré de publier vos photos défigurées.

photosig[1]

– Réduction de la qualité de la compression: Internet diffuse les photos en JPEG. Optez pour un fort taux de compression et grâce à la pixelisation outrancière et aux artefacts disgracieux, personne ne voudra de vos photos. Effet garanti ;)

photonosig[1]

– Réduction de la résolution de vos photos. C’est personnellement la méthode que je préconise. Diffusez à une résolution moyenne vous permettra de faire apprécier votre talent et de prévenir une utilisation réellement professionnelle. Personnellement, je diffuse mes photos avec leur plus grand côté mesurant 1200px. C’est plus que la moyenne des gens, mais il me faut au moins ça ;) Du reste en cas de litige, je peux toujours prouver être l’auteur puisque je dispose de la version originelle, bien plus grande.

  • acheter des logiciels onéreux qui vous garantissent l’inviolabilité de votre propriété intellectuelle

Oui pourquoi pas …
Je le redis encore une fois: une photo affichée sur votre écran est une photo (potentiellement) piratée.

Pour ceux que cela rassure de payer (oui oui, il y en a et pas qu’un peu): vous pouvez également aller voir ces solutions de watermak invisible: SureSigne ou DigiMarc. Je ne les ai pas testé et ne suis pas près de le faire, mais n’hésitez pas à laisser un commentaire si vous avez des expériences positives ou négatives avec ce type de logiciels.

Maintenant tout est affaire de compromis entre ce que vous souhaitez diffuser et le risque que vous acceptez de prendre.

Surveiller le web

Il est bien sur plus facile de surveiller le web (encore que …) que surveiller des publications papier, surtout quand celles-ci sont étrangères.

  • Utiliser des moteurs de recherche d’image

Rien n’empêche de consulter google images (ou équivalent) pour essayer de retrouver une image sur un critère donné, p.ex. un tag que vous aurez associé à votre image. C’est sans doute aussi utile que chercher une aiguille dans une botte de foin, mais qui sait, cela peut parfois marcher.
A noter qu’il existe maintenant des moteurs de recherche d’image par l’image elle-même. L’exemple le plus connu est sans doute TinEye (à ajouter comme plugin pour firefox): ces moteurs font une analyse comparative des images entre-elles (ne me demandez pas comment même si j’ai ma petite idée) et vous affichent à la fin les résultats les plus pertinents. L’inconvénient est qu’il leur faut disposer de bases de données d’images conséquentes et que les traitements informatiques sont lourds et longs.

tineye[1]

  • Faire le détective du web

Ou lorsque l’amour de la photographie se mélange avec l’amour des nouvelles technologies… A réserver à un public plus averti.
Pourquoi plus averti ?
Depuis le début de cet article, nous discutons des moyens de contrôler la diffusion de ses propres images. Cela suppose qu’à un moment donné vous souhaitez réellement maitriser cette diffusion. C’est-à-dire ne pas poster à tout va sur tous les premiers sites venus, communautaires ou pas, qui dès le téléchargement de votre photo sur leurs serveurs se chargeront de supprimer consciencieusement les données EXIFS de votre photo, pour commencer (n’est-ce pas Mr Bokeh ;) ). Vous avez donc très probablement votre propre galerie ou site perso, hébergé par X, Y ou vous-même et avez donc également à disposition un outil de statistique de fréquentation du site en question, que vous consultez compulsivement…

Cet outil de statistiques, en fait ces outils – nous allons voir pourquoi, sont une mine d’informations.

Ils permettent de savoir précisément qui vient vous voir et pourquoi. Par exemple, ils vous indiquent que Mr Big Brother heu… Google vous apporte tant de visiteurs qui ont indiqué tel et tel mot clef dans leur recherche. Soit.
Ils nous indiquent surtout la provenance des visiteurs des autres sites web. Et là c’est très intéressant. Car vous retrouvez alors facilement quel site a parlé de vous et pourquoi. Bien souvent, il s’agira de blogs ou de fora qui ont le bon goût – et la paresse – de partager les informations avec des liens hypertexte. Tant mieux, on parle de vous, cela vous apporte du traffic et cela montre aussi (dans le cas de la photographie) un minimum de respect par rapport au droit de l’auteur. En général dans ce cas-là, si vous vous estimez floués par l’utilisation abusive de votre contenu, un petit mail bien senti à l’auteur du lien réglera très vite la situation.

piwik-300x300[1]

Une petite anecdote: je cherchais une image d’illustration pour mon propre blog. J’avais trouvé une superbe image sur flickr et malgré que l’image était bel et bien copyrightée, j’ai utilisé cette image. Par acquis de conscience, j’ai tout de même cliqué sur le lien renvoyant sur le compte flickr en question afin de le “faire savoir” à son auteur de façon discrète. Quelques heures plus tard, je recevais un commentaire demandant le retrait de l’image. J’ai alors présenté mes excuses et demandé à l’auteur par email l’autorisation d’utiliser sa photo. Devant son refus, je n’ai pas insisté et j’ai fini par réaliser moi-même la photo, ce dont je ne me porte pas plus mal.

Je pense que 90% des cas peuvent ainsi se régler à l’amiable, la majorité des gens n’étant pas foncièrement méchante.

Une approche un peu plus fine consiste cette fois à utiliser les statistiques du serveur web. Pour rappel, je distingue ici les moteurs de stats côté client (tels que xiti, google analytics, phpmyvisits) qui s’exécutent depuis votre navigateur, des moteurs côté serveur (tel que webalyzer, consultable pour les pages perso chez free) qui s’exécutent … sur le serveur hébergeant votre site.

Ainsi le moteur de stats côté serveur vous permet de contrôler quels fichiers sont servis et d’où vient la demande. La différence avec le moteurs côté client, est que pour que ceux-ci fonctionnent, il est impératif qu’un internaute se rende sur votre site et active son JavaScript.

webalyzer[1]

C’est ainsi que j’ai découvert récemment comment une de mes images a été littéralement pompée par un blog, politique de surcroit (!!), sans le moindre accord demandé ni même lien hypertexte, le blog se contentant d’indiquer l’adresse originelle de l’image. (C’est d’ailleurs ce qui a motivé l’écriture de cet article – mon premier plagiat !) Ainsi peu de moyens de découvrir la fraude. Sauf qu’un référent (site pointant vers le mien) revenait un peu trop souvent dans les fameuses statistiques.
Il faut bien comprendre une chose, c’est que si ce référent apparait dans mes statistiques serveur et pas dans mes statistiques clientes, c’est que non seulement l’indélicat viole mon droit d’auteur, mais en plus, il squatte mes ressources serveur: la bande passante utilisée pour afficher MON ‘image sur SON blog provient de MON site !!! Dans le cas d’un hébergement gratuit type free, c’est peu grave, mais dans le cas d’un hébergement payant, je peux vous dire que le préjudice est réel.

L’auteur du blog a ainsi reçu un gentil courrier lui rappelant les bonnes manières et l’article est désormais hors-ligne. ( Ce qui est vraiment stupide, il lui suffisait de supprimer l’illustration.)

Le pire dans tout cette histoire, est que j’aurais été vraiment ravi de le laisser exploiter cette image, eut-il demandé poliment l’autorisation, comme j’ai pu le faire avec d’autres photos d’un certain concert.

A noter pour les heureux utilisateurs de WordPress, il existe un plugin appelé PictPocket adressant justement le hotlinking, ie. le squatt de contenu. Comme dans mon cas, vous payez la bande-passante de quelqu’un utilisant votre contenu.

Enfin dans les cas que je considère plus graves, ceux par exemple où le plagieur retire un bénéfice pécuniaire de l’usage de votre oeuvre (journaux papier ou en ligne, mais pas les blogs avec de l’adsense ;) ), il est vous est toujours possible d’envoyer une facture à cet éditeur. Bien sur, il vous faudra la possibilité de facturer, ce qui peut se régler facilement avec le nouveau statut d’auto-entrepreneur.

Pour info, les côtes de la photographies ont été dévoilées récemment par l’Union des Photographes Créateurs.

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