Photographier les constellations

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   The Milky Way Galaxy before moonrise - Computer Science Geek

L’été est un moment propice pour s’adonner à la photographie du ciel.
Il n’est pas question ici de vous faire un cours d’astrophotographie – j’en serais d’ailleurs bien incapable – mais de vous proposer quelques pistes afin de magnifier nos cieux nocturnes.
Exit donc la photographie planétaire, lunaire, solaire, le ciel profond etc… et attardons-nous sur les constellations, sujet qui vous le verrez ne nécessite pas de connaissance particulière et reste accessible à tous, même équipés d’un matériel modeste.

Le ciel nocturne
Les nuits estivales ne sont pas forcément plus « intéressantes » que les nuits hivernales, mais elles disposent d’un atout important: la chaleur.
Passer un long moment à tenter de photographier le ciel par grand froid peut s’avérer vraiment pénible et nécessiter une préparation conséquente. L’été, le ciel est simplement plus accessible.

Sous nos latitudes et indépendamment de la saison, les constellations les plus facilement accessibles sont Cassiopée, la grande ourse, … des constellations placées généralement assez haut dans le ciel.

En été, on va pouvoir bénéficier de constellations saisonnières et spectaculaires telles que le Sagittaire ou le Scorpion, qui, placés sur le chemin de la voie lactée, fourmillent d’objets en tout genre et sont un vrai régal pour les yeux. Direction plein sud proche de l’horizon.

En hiver, Orion, le Taureau et le Grand Chien devraient pouvoir vous occuper un moment.

Une autre différence importante est que l’été la nuit est beaucoup plus courte et de fait la nuit noire peut être très courte. Alors qu’en hiver vous disposerez d’un temps de nuit bien noire bien plus long.

Bien sur, il n’est pas superflu de vous équiper d’une carte du ciel, que vous pourrez acheter pour l’occasion ou bien de compter sur les éphémérides publiés par les journaux spécialisés (Ciel Et Espace,…).

Composition

Nous allons trouver deux types de compositions classiques des constellations: une composition « absolue » dans laquelle seule des étoiles sont visibles sur un fond noir, matérialisant la constellation et une composition mettant en scène le décor naturel dans lequel vous vous trouvez.

A vous de voir le type de photo que vous souhaitez privilégier. Sachez seulement que le premier cas est peut-être plus compliqué à photographier car il impliquera vraisemblablement des temps de pose plus longs (voir paragraphe suivant).

Il ne faut pas hésiter à mon avis à rajouter des éléments contextuels à votre sujet. Un arrière (avant) plan judicieusement mis en valeur apportera de la vie à votre composition. A ce sujet, un coup de flash voire un éclairage manuel avec une lampe de poche pourra vous servir.

On peut également rajouter d’autres éléments astronomiques: comète, étoiles filantes, planètes, lune et des configurations particulières entre ces éléments (conjonctions, éclipses etc…). Attention toutefois à la lune, plus elle est brillante et haut dans le ciel, plus elle sera gênante car de part sa très forte luminosité, elle estompera les étoiles autour d’elle.

Il faudra également faire attention aux avions passant dans le ciel ainsi qu’aux satellites artificiels gravitant autour de notre planète.

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   The constellations - WTL Photos

Sur le cliché ci-dessus, on distingue très nettement la constellation du Cocher et son étoile principale, Capella. En haut à droite vous reconnaitrez les Pléiades (Taureau) alors que vers le centre de l’image, c’est Mars qui s’est invité (voir les explications sur la page flickr).

ManuMetzTemple4.jpg

   ©Totographe - scan d'un tirage argentique

La photo ci-dessus montre qu’il est possible de photographier des constellations en milieu urbain.

La terre tourne.

C’est bête à dire, mais la terre tourne sur elle-même. De cette évidence découlent un certain nombres de contraintes concernant les temps de pose. En effet si vous laissez trop longtemps ouvert l’obturateur de votre appareil photo qui est fixe sur terre, vous photographierez alors le déplacement du ciel. Résultat les étoiles n’apparaitront plus comme des points mais comme des bouts d’arc de cercle. Cela peut être joli dans le cas des très longues poses, mais pas dans le cas de la photographie des constellations.

Voici un tableau indiquant les temps de pose maximale selon la focale que vous utilisez (en équivalent 35mm bien sur):

Focale de l’objectif en mm 14 28 35 50 100 200 300
Temps de pose max. en s. 120 30 20 10 4 3 1,5

(Source La photographie du ciel – Christophe Lehénaff)

DSC_0007_bokeh_speed.jpg

   ©Totographe - Constellation du Scorpion - 50mm - f/1.8 - 15s - iso 800

Dans la photo ci-dessus du Scorpion, on s’aperçoit (n’hésitez pas à agrandir l’image) que les étoiles ne sont pas ponctuelles. C’est encore plus flagrant sur le cliché original, mais il faut réduire pour le web… En effet, à 75mm (eq. 35mm) l’exposition ne devrait pas dépasser 7s, hors cette image est exposée 15s.

Les autres réglages

Nous avons vu que le réglage de la vitesse d’obturation est un facteur limitant de la prise de vue. Dans la majorité des cas, on essayera de se trouver le plus proche de la limite de façon à faire entrer le maximum de lumière dans l’objectif, mais cela n’est pas suffisant…

Ainsi il sera utile de disposer d’un objectif doté d’une grande ouverture. P.ex. un 50mm f/1.8 que l’on trouve pour peu cher dans toutes les grandes marques fera vraiment bien l’affaire pour débuter. Bien sur, 50mm est déjà un peu long, surtout sur un capteur au format APS-C, mais il devrait vous permettre de faire rentrer la grande ourse en entier dans le champ.

Par contre, on pourrait être tenté de monter en iso. Personnellement, je recommande de limiter cette montée, p.ex. à 400 isos, car au delà, le bruit électronique sera très fort. Je vous rappelle que le bruit se voit d’autant plus que le sujet est sombre, ce qui est forcément le cas quand on photographie un ciel plus ou moins noir.

DSC_0018_bokeh_noise.jpg

   ©Totographe - Constellation du sagittaire - 50mm f/1.8 - 3s - iso Hi1(3200)

Dans la prise de vue ci-dessus, on constate l’apparition violente du bruit, le boitier étant poussé dans ses ultimes retranchements. Cela dit, regardez la droite de l’image, on aperçoit déjà la voie lactée et les nébuleuses riches de cette région du ciel.

Voici un autre exemple dans le Cygne et la Lyre (Vega de la Lyre est l’étoile la plus brillante de la photo): le même cliché a été pris deux fois, mais celui de gauche est à 800 iso tandis que celui de droite est à Hi1(3200 iso).
Le rendu initial est bien différent:
bruitinit_1_.jpg

 

 

 

 

 

©Totographe – Constellations du Cygne et de la Lyre – 16mm – f/3.5 – 30s – fichiers bruts

Pourtant, après traitement on arrive à des résultats très similaires:
bruitfinal_1_.jpg

 

 

 

 

 

©Totographe – Constellations du Cygne et de la Lyre – 16mm – f/3.5 – 30s – fichiers finaux

Le crop 100% suivant montre bien l’importante montée en bruit à Hi1. (N’hésitez pas à cliquer sur les images pour voir en plus grand).
bruitcrop_1_.jpg

 

 

 

 

 

©Totographe – Constellations du Cygne et de la Lyre – 16mm – f/3.5 – 30s – crop 100%

C’est bien Vega que vous voyez en haut à droite ;)

Pour aller plus loin…

En faisant des recherches d’illustration pour cet article, je suis naturellement allé voir sur flickr. Faites comme moi, allez prendre votre claque ;)

Si jamais vous ne savez pas vraiment ce que vous avez photographié, il existe un groupe flickr nommé astrometry qui résoudra pour vous vos photos, voilà qui est sympa !
Par exemple, vous pouvez retrouver le nom des étoiles de la photo du dernier exemple sur cette page flickr.

Article publié conjointement sur Bokeh.fr et le blog de son auteur.

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